Dimanche 28 : Le matin, je n’avais plus de menthe, ni de basilic. Je suis donc allé ramasser dans le champ de la menthe sauvage. Celle-ci est moins parfumée mais elle fait son travail : une infusion matinale au soleil.

 

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Le midi, je remange… du ragoût. Pour parler du pain que je trimballe avec moi, il est tellement bon que tout le monde m'en mange: je risque de ne pas en avoir assez jusqu'à la prochaine fournée...

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Dans l’après midi, Jérôme, mon ami d’enfance, qui habite derrière le bois d’en face, est venu, me voir, non parce qu’il était attiré par les odeurs de ragoût mais comme ça, pour dire bonjour. Son grand-père, lorsqu’il était en activité, était meunier. Il lui a transmis la passion des moulins et depuis, il écume les brocanteurs, les anciens meuniers et les marchants de matériel agricole pour monter des moulins électriques et moudre le blé qu’il fait pousser, naturellement, sur quelques ares caillouteux du Causse. Bien que géomètre, il se constitue petit à petit une ferme qui lui procure de quoi subvenir à sa consommation de farine (transformée par sa femme Valérie en gâteaux et en pains) à sa consommation d’œufs, de légumes et de lapins…qu’il ne mange pas (il les collectionne et les fait concourir).

 

Lui ayant dit qu’il me fallait de la farine pour confectionner des petits gâteaux aux noisettes, il m’en a amené 6 kilo que je lui troqué, le sachant non cuisinier mais très gourmand, contre une gamelle de ragoût de chevreuil.

 

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Il me manquait les noisettes…. Il me fallait donc faire l’écureuil avant la tombée de la nuit. J’ai donc rempli, à une vintaine de mètres de là et à la fraîcheur du soir, quelques poches de ces fruits secs, sous les noisetiers en bordure d'un muret en pierres sèches.

 

 

 

Le soir, devinez quoi… j’ai amené ce qu’il restait du ragoût pour le faire goûter à mes grands parents. Je suis arrivé avec mon tupperware et mon pain. Ma grand-mère m’a fait, tout le repas, des remarques d’incompréhension concernant mon expérience. Mon grand-père, à voir et à entendre ma grand-mère catastrophée de me voir refuser les paquets de gâteaux qu’elle me tendait, n’arrêtait pas de rigoler. « Tu veux me corrompre », lui disais-je à chaque fois qu’elle revenait à la charge avec des desserts au chocolat différents.

Mon grand-père, âgé de 88 ans, n’a jamais bêtement souri lorsque je lui racontais les buts et la façon dont j’allais mener mon expérience. Ce soir là, il me raconta comment cela se passait « avant », oui, avant le déménagement du territoire, la spécialisation des régions et la généralisation des transports pas chers. « Et oui, à l’époque, on se suffisait. Chaque ferme produisait ce dont elle avait besoin et on achetait uniquement ce que l’on ne pouvait pas faire. Maintenant, on a été rendu dépendants, pour des choses que l’on faisait, des autres régions, des grandes surfaces et des camions. Tout ça a été poussé depuis 60 ans par le syndicat agricole majoritaire qui décide de tout et qui ne défend que les gros ».

C’est la dernière fois que j’ai pu échanger avec lui, quelques jours après, il est mort.

 

 

 

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Samedi 27 : Je me suis donc mis à peler les légumes de la veille en faisant revenir les morceaux de chevreuil tué dans les bois (peut-être à 150….. mètres) à l’huile d’olive et que je flambe à l’eau de vie de prunes (15 mètres). J’ai recouvert tout cela avec du vin blanc du Gers (tout juste 150 km), du thym et de la sauge. Je ne cache pas que le Cahors (moins de 50 km) accompagnait bien ce plat…. Il y avait tellement d’ingrédients que j’ai du utiliser deux marmites… Tout bien calculé, il y en a pour quatre repas pour quatre personnes......pour 25 euro d'ingrédients, vin compris et en faisant comme si j'avais du acheter la viande.....

 

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Vendredi 26 : Ce soir, je vais chercher mon panier de légumes chez Raphaël.

 

 

 

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Je dois aller dans le Lot chez mes grands-parents. Sachant que j'ai ces légumes, que c'est à 150 km et que je n'ai pas envie de questionner cette fois ci chaque vendeur sur le marché du dimanche là-bas, j'amène les légumes. Je ne sais pas encore comment je les préparerai mais je trouverai bien mais il me vient une idée. Le congélateur de mes parents est plein de sangliers et de chevreuils qu'ils ne préparent jamais. Je vais profiter de ce panier pour vider un peu le congélateur en préparant ce week-end un râgout...

 

Je déguste un oignon de Villemagne, une tranche de jambon, du pain, du fromage de chèvre, du vin et en dessert, une tranche de pain au miel.

J'ouvre la porte du congélateur et en sorts du chevreuil que je laisse décongeler pour le lendemain...

Jeudi 25 midi : Les paysans – boulangers viennent me livrer deux pains au bureau ! Au château, j’ai apporté du coulis de tomates avec des poivrons et de l’ail, le pain, une tranche de génisse, du vin et du fromage.

Cet après midi, Huguette GUIRAUD, qui est productrice d’oignons de Villemagne, vient m'en livrer au bureau plusieurs kilos…..

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C’est avec cet oignon que je me suis remis à en manger il y a quelques années. Depuis tout petit, je ne les digérais pas mais avec ceux-là, bizarrement, ça va. Ils sont doux, parfumés, juteux….et pas chers ! Huguette les fait à 3,50 euro le kilo… L’année dernière, avec l’Association Occitanie – Passerelle, nous avions justement organisé une journée pédagogico-festivo-gastronomique autour de cet oignon pour lequel il ne reste que très peu de producteurs…

Pour ceux qui ne le connaissent pas, voici un petit texte que j’avais réalisé pour cette  journée, à partir d’informations collectées succinctement auprès de personnes âgées :

Il n'y a presque pas de données….

Les seules sont éparpillées et enfouies dans la mémoire de celles et de ceux qui en ont vécu…

Je les ai recuillies à partir de trois entretiens avec Mesdames COUX, mère et fille, Monsieur et Madame BRUNEL et Madame GUIRAUD.

Particularités de l’Oignon de Villemagne

- Il se déguste de préférence cru

- Doux

- Parfumé

- Il ne pique pas

- Il est fragile

- Il pique quand il ne pousse pas à Villemagne

Pourquoi est-il doux ?

Le terrain est sablonneux, granit, schiste, humifère.

C’est la partie géologique la plus vielle : époque hercynienne.

A quelques centaines de mètres plus loin, il pique !

Il y avait 3 productions, toutes douces  :

-         scorsonère

-         navet noir

-         oignons

Elles ont toutes, dans l’ordre, quasiment disparues.

Combien de volume par vendeur ?

-         Madame COUX se souvient qu’elle en vendait :

o       Sur le marché de Castelnaudary : 100 Kgs par semaine de septembre à janvier / février.

o       Plusieurs kgs à travers les revendeurs ou grossistes

Monsieur BRUNEL, qui en a fait de 1989 à 2002 en complément de sa retraite, en vendait autour de 400 kgs et en envoyait même par la Poste à Paris.

Il se gardait jusqu’à ces mois là car il n’était pas arrosé…

Toujours en complément d’une autre activité : complément de retraite ou d’activité. Toutes les familles de Villemagne le produisaient.

Les oignons ont réussi à payer les études des jeunes jusqu’aux années 70.

Il ne reste à l’heure actuelle que 6 producteurs sur la commune dont un qui les vend sur le marché de Castelnaudary.

La grande majorité des producteurs était des paysans mais il y avait également des ouvriers qui, avant d’aller à l’usine de Cenne-Monestiès ou en en sortant, allaient le travailler.

C’était un travail sur l’année et toute la famille était mise à contribution !

Semences en janvier sur des planches (« tautel ») de 60 cm pour ne pas se toucher en désherbant. Les graines ne se sèment pas profond et étaient recouverts de genets et tous les matins, il fallait dé-genets (ha ha ha !!!).

Le désherbage se faisait à la main brin à brin !

Il y avait « arrosage » des plans avec de l’urine humaine, diluée à 1 pour 10 !!!!!

« fayssa » : ensemble de sillons

Le semis pousse jusqu’en mai (4 mois)        le « plantolier ». On l’enlève dès qu’il est rouge. Il fallait qu’il y ait 3 queues sinon, ce n’était pas la peine : les 2 queues étaient jetés car cela faisait plus tard des oignons longs donc invendables (des cébars).

Plantation :

-         on fait le sillon qu’on arrose puis on met les oignons séparés de 5 cm

-         on recouvre juste au raz de la naissance des queues

-         on ré-arrose

-         on recouvre encore de terre

Arrosage naturel :

Au bout d’une semaine, il se redresse : c’est le moment du sarclage avec le sarclet : c’est du désherbage mais on ne l’arrose pas !

Avant, il pleuvait, les saisons étaient marquées :

- St Jean : 23/06

- 14 juillet

- Madeleine : 28/07

- 15 Août

De toutes façons, il n’était pas techniquement possible de le faire………

Maintenant, pour compenser le changement du régime des précipitations, on arrose mais pas trop car il deviendrait trop gros, n’aurait pas de goût et ne se conserverait pas !

A partir de la fin août, on arrache, dès que la queue se plie. On le fait dès la rosée et on laisse sécher dans les champs.

Après le séchage en champs, on les ramasse et on les met sur une charrette ou une brouette en faisant attention aux meurtrissures car dès qu’il y a un pet, c’est perdu… !

Les têtes étaient rangées vers l’extérieur et les queues vers l’intérieur.

Arrivés en grange, on les montait en corbeilles et on les stockait sur le plancher.

Les pelures, les « forfols »

Les bouquets étaient ficelés par 3.

Pour faire un kilo, il en fallait une douzaine.

Ne pas abîmer les queues sinon on ne pouvait pas faire de bouquets.

Les oignons qui perdaient les queues partaient pour les grossistes de Perpignan, comme les gros qui étaient invendables car ils se vendaient beaucoup moins bien au marché.

Il y avait 2 « maquignons de l’oignon » à Villemagne

Pourquoi n’y a-t-il presque plus de production d’oignons de Villemagne alors que pour ceux qui le font, il se vend très bien ?

Pas de mécanisation possible en raison :

-         de la taille des parcelles (très petites)

-         les oignons ne supportent pas les coups

-         les gens n’avaient pas les moyens d’acheter des machines

Donc, tout est à la main….

Il y a dix ans, une personne du village avait retrouvé les graines originelles au Muséum d’Histoire Naturelle ou à l’INRA.

Certains affichent sur les marchés « Oignons de Villemagne » !!!!

Une demande existe et très peu de personnes en produisent encore……..

 

A la ceba ! A la ceba !

Mangeons et sauvons l’oignon de Villemagne !!!

 

 

Mercredi 24 midi : Je vais manger au Château à Saint Papoul où j’arrive avec les tupperware…dans lesquels il y avait du fromage, du melon, ne salade de tomates et du pain. Je ne sais pas pourquoi mais il me monte une envie de poisson…

 

 

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Mardi 23 :

A midi, je me prépare, tout simplement une salade verte avec des haricots du jambon, des cabécous, du pain et du vin.

 

 

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Le soir, je me suis préparé une tranche de poulet de la Piège achetée à Labastide d’Anjou, chez Jean-Jacques BIREBENT qui ne travaille vraiment pas mal. Tout n’est pas du coin mais il fait l’effort, avant de transformer sa charcuterie, de s’approvisionner localement.

Je me suis donc préparé, avec une tranche de poulet qu’il a fait venir de la Piège, une assiette de riz de l’étang de Marseillette, du fromage, du pain et du vin.

 

 

 

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Lundi 22 : J’ai l’habitude de manger, régulièrement les jours où je suis au bureau le midi, à l’atelier de restauration d’un Centre Educatif et Professionnel qui se trouve à quelques mètres de mon lieu de travail. Des profs, des éducateurs, des secrétaires et une psy constituent une table assez animée et rigolote. Les repas sont préparés et servis par des jeunes en insertion mais les ingrédients n’ont rien de locaux. Qu’allais-je faire ? Ne plus les voir au prétexte, réel, que la nourriture servie n’est pas locale ? J’ai donc décidé de faire ma première dérogation tout en essayant de présenter ma démarche au chef. J’ai donc mangé mon premier repas non identifié depuis deux semaines (salade au jambon, tomates à la provençale sauté de dinde, yaourt). J’avais l’impression de commettre une faute… Ça me faisait râler de penser que je ne pourrais plus y revenir. J’ai donc proposé au chef d’amener ls prochaines fois mon tupperware… il a accepté !!!

J’en ai profité pour échanger avec la psy sur l’éventuelle incidence de mon expérience sur mes relations sociales (passe-je pour un martien ?; les gens sont interpellés ?; sont-ils prêts à modifier leur comportement ?; etc… Elle doit donc m’aider à établir un questionnaire que je pourrai donner aux personnes que je croise, comme à ma famille et à mes amis !

Dimanche 21: Me levant assez tôt, je me suis gavé de physalis, elles sont vraiment bonnes ces baies qui, dit-on sont gorgées de vitamine C.

Nous fêtions ce jour là, chez mon oncle et ma tante de Toulouse, l’anniversaire de ma grand-mère. Nous étions une quinzaine. Pour continuer mon expérience, j’avais le choix entre ne pas y aller (gros incident diplomatique) ou y aller mais ne pas manger le repas d’anniversaire (incident diplomatique potentiel) dans lequel trônait une succulente « frita », http://www.cuisineaz.com/Recettes/Frita-de-chez-nous-8427.aspx, préparée par ma tante. Je le sais, à chaque fois qu’il y en a, je m’éclate la panse. Par contre, ce jour là, ce fut différent car je me doutais que ma tante n’aurait pas réfléchi à la provenance des ingrédients. Ce plat succulent est principalement composé de tomates, d’oignons, de poivrons et de morceaux de poulets.

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Tous ces ingrédients étaient d’origine non identifiée. Je sortis donc une de mes boîtes, pour deux personnes, de coulis à la viande que j’accompagnai de riz de Marseillette, d’un piment, de pain, de fromage et de vin. Devant quelques membres de ma famille un peu ébahis de me voir sortir plat à plat mes affaires, ma tante me fit chauffer de l’eau pour le riz pendant que je voyais mijoter l’énorme poêle à paella remplie de frita. Je me mis à table et avala, à 10 centimètres de la poêle qui me faisait de l’œil, mon assiette… Franchement, ce fut vraiment frustrant… mais j’ai tenu et ai pu expliquer ma démarche.

De toute façon, le vin et la Blanquette de Limoux, communs, étaient bons…

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Samedi 20: Aujourd'hui, je vais donner un coup de main à Raphaël. En effet, il a fait appel, pour ramasser des pommes de terre et des tomates, aux "mangeurs" de légumes des deux AMAP qu'il fournit, l"AMAPapille (http://www.amapapille.fr/) et l'AMAP'Monde que j'ai créée il y a quatre ans. Une pause gourmande bien méritée nous a amené à nous rassembler autour d'un bon repas que je n'ai pas totalement partagé. Nous avons quasiment pris une loupe pour déchiffrer l'étiquette de la boîte de pâté végétal qu'un des convives, catalan, avait apportée. J'ai branché mon ordinateur portable et lancé mappy pour mesurer la distance entre Castelnaudary et le lieu de transformation des légumes dont on a déduit la provenance, constituant le pâté:  "A quelques kilomètres près, tu n'y avais pas droit !". J'ai donc mangé ce que j'avais amené. Arriva le moment du dessert... Pascale avait préparé un magnifique gâteau au chocolat. Raphaël, avant que je dise quelque chose, me dit "Tu vas devoir manger autre chose" ! Je râle. J'en avais vraiment envie... Il se leva et me porta, en échange, des physalis http://www.supertoinette.com/fiche-cuisine/185/physalis.html.

Je les ai regardés ainsi se resservir, pendant que j'ouvrais ces "lanternes" orangées et effeuillais la menthe qui me remplaçait le café. De ce gâteau fondant frappé du sceau de l'interdit, je voyais tomber les miettes de chocolat encore fondant que je ne devais même pas ramasser...

 

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Vendredi 19: Je remange, midi et soir, le civet. Ce n'est pas génant, c'est bon...

 

 

Jeudi 18 : Ce matin, je n'ai pas de pain. De colère, je ne mange pas, na !

Midi : j’ai amené des tomates, de l’huile, du saucisson des fromages, du vin mais je n’ai pas de pain et ne suis pas résolu à faire comme hier soir à manger sans… j’attends…

Miracle, Carole arrive avec deux pains croustillants encore brûlants !!

Je vais pouvoir m’attabler et savourer tout ça, sans attendre qu’il soit froid. C’est jour de fête !

Je me rends compte qu’il est beaucoup plus dur de se passer de pain que de café ou de chocolat.

Soir : je n’ai pas envie de trop cuisiner mais j’ai envie de tremper du pain dans quelque chose. Je vais couper deux tomates que je vais arroser d’huile d’olive et accompagner de piment puis sortir une conserve de civet de lièvre que ma grand-mère m’avait donné et l’accompagner de pâtes du coin… Ce sont des tagliatelles de la ferme le Moulin de Perrine http://www.lesmoulinsdeperrine.com/index.php qui se trouve à quelques kilomètres de Castelnaudary, à Auriac sur Vendinelle. Elles faites avec du "blé dur fraichement moulu à la meule de pierre", ne sont pas très chères et je n’éprouve aucun besoin d’acheter les autres catégories, plus raffinées. Elles sont accessibles sans aller là-bas (je les ai achetées à Point Vert à Castelnaudary) et très bonnes. Je me régale et en ai pour plusieurs repas...

 

 

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Mercredi 17 : Rebelote : il me reste un quignon de pain et les paysans-boulangers ne font une fournée que demain … Ils doivent me le livrer au bureau demain mais je ne sais pas quand…

Ce soir, c’est service minimum et rationne mon pain.

Lundi 15 et Mardi 16 :

J’ai eu 8 kg de tomates dans mon dernier panier de légumes de Raphaël. Ce dernier a eu tellement de tomates qu’il nous les a proposées à 60 centimes le kilo ! J’en ai pris 25 kilos que j’ai consacrés au coulis. Je me suis cependant dit qu’il serait intéressant de constituer des bocaux dans lesquels il y aurait des tomates, des courgettes dont une longue comme une autoroute (la courgette de Madagascar), des oignons, du basilic pourpre, de l’ail et…..de la viande.

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Je me suis dit que je pourrais avoir un « tout en un », me parant ainsi à des manques de légumes ou de viande. Quelle viande allais-je mettre ? Ben au cours du mois de juillet, Catherine Van Accoleyen, éleveuse à Labécède – Lauragais, m’avait demandé si l’on ne pouvait pas « écouler » en trois jours 20 cartons de 5 kg d’une génisse Blonde d’Aquitaine qui avait pris un coup de corne. Ils avaient dû l’abattre rapidement et devaient ainsi trouver, pendant les vacances d’été, des clients pour 100 kg de bonne viande. Devant l’urgence, elle avait composé des cartons de steack haché à 9 euros le kilo et de beaux morceaux à 11 euro le kilo. J’en ai profité et ai constitué un stock au congélateur… Ainsi, au moment du coulis amélioré avec d’autres légumes, j’ai eu la possibilité de mettre un steak par petit pot et deux steaks par gros pot.

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J’aurais préféré mettre de la chair à merguez qu’ils fabriquent également mais ils n’en avaient plus. J’ai donc passé quelques heures (à peu près 7 car je n’avais pas sur place de grosses marmites) mais ai pu avoir en fin de préparation une vingtaine de pots….

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La cuisine est un champ de bataille, il y en a partout mais c’est normal. Le résultat le vaut bien. Me voici armé pour l’hiver et l’idée m’est venue d’en laisser dans la voiture, en « Plan B »…

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Samedi 13 : Buzet

C’est la première fois (hors famille), que je me fais inviter… J’avais dit à des amis au moment où ils m’avaient invité que j’aurai commencé, à ce moment là, mon expérience et que je ne mangerai que des produits issus d’un rayon de 150 km… après trois secondes de blanc au téléphone, Jérôme me dit

- « D’accord, Corinne et moi allons préparer un menu qui te permettra de venir. "

Je lui ai demandé d’où venait le pain et il me répondit

- « De la boulangerie bien sûr »

Oui mais d’où vient la farine ?

« Heu……. »

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J’ai donc amené mon pain, des cabécous de Rocamadour que j’avais ramenés de chez mes grands parents et une cagette de tomates, des 25 kilos que je vais plus tard consacrer au coulis (le prix est imbattable : 60 centimes le kilo !), qui proviennent de chez mon maraîcher.

Je m’apprête donc à « Manger – Buzet sur Tarn »…

Tout au long du repas, je n’en suis pas revenu et je suis allé d’agréable surprise en agréable surprise. Ils avaient passé une partie du samedi à faire le tour des producteurs locaux pour acheter la nourriture du soir…et ont pris un réel plaisir à échanger avec ces derniers. Ils en sont revenus réellement détendus et m'ont dit s'être sentis, juste avant de rentrer, « agressés » lorsqu’ils ont pénétré dans la grande surface du coin pour acheter des produits d’entretien…

L’apéritif était constitué de figues enroulées de magrets séchés accompagnées d’un Fronton rosé. Comme il n’y en avait plus et en attendant que le poulet à l’estragon et au vin blanc cuise, le saucisson des Monts de Lacaune qui traînait est passé de vie à trépas…. Puis vient une salade avec des croûtons à l’ail et de la poitrine fumée des Monts de Lacaune arrosée cette fois ci de Fronton… rouge.

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Le poulet et le gratin d’aubergines du maraîcher d’à côté (il n’y avait que la crème qui était d’origine non identifiée) ont connu le même sort que le saucisson.

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Puis les cabécous de Rocamadour ont clôturé cet excellent repas qui a été préparé avec tant de recherche et de soin…

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Nous avons petit déjeuné avec mon pain et la menthe que j’ai amenée mais j’avoue que je n’ai vraiment pas très faim… et à 16 heures, le jambon de Lacaune et les cabécous ont eu raison de mon appétit car je n’en ai pas mangé le soir…

Mes hôtes ont été adorables et m’ont dit que dorénavant, ils iraient se fournir chez les producteurs dont ils ont fait la connaissance ce week-end !

Je n’ai plus de pain et ai fait revenir des tomates avec de l’ail, du basilic et des œufs. Cela faisait une belle assiette mais je n’avais rien pour tremper dedans... En fait, si, il y en avait à côté mais je ne l’ai pas touché…, j’ai failli craquer.

Depuis mardi, c’est le moment où j’ai été le plus frustré : avoir une assiette à saucer et du pain à porté de main et ne pas le manger…

J’ai dû aller le chercher exprès à la ferme des paysans-boulangers. N’ayant pas encore une production « de croisière », ils ne livrent pas et n’ont pas de dépôt non plus. Il faudra que l’on s’organise autrement car je ne vais pas y monter exprès toutes les semaines…

Ce soir, M6 vient me filmer…. Ils me demandent de « faire comme d’habitude ». Je vais donc cuisiner mais également leur chiffrer ce que je vais manger.

J’ai ainsi servi l’apéritif, vin de sureau (avec les ombelles). J’avais remplacé le sucre par le miel et l’avais mélangé au vin de Robert et à l’eau de vie de prune que j’obtiens chaque année avec les prunes que je fais distiller chaque année. La tranche de viande était de chez Catherine Van Accoleyen, éleveuse à Labécède – Lauragais et les légumes de Raphaël BERNABEL, maraîcher en AMAP à Castelnaudary chez qui je vais chercher les légumes tous les vendredis (tomates, courgettes + ail + oignon + piment). Le fromage de chèvre était encore de Loze, le pain croustillant de Labécède et le vin de chez Robert. Cette belle assiette 100 % locale m’a coûté 3,50 euro.

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C’est la première fois qu’on me filme en cuisinant. C’est marrant de devoir justifier de choses toutes simples…

Retour à Castelnaudary mais sur la route, dans le Tarn et Garonne, j’ai fait le plein de fromages….. je me suis arrêté chez des éleveurs de chèvres qui transforment le lait et fabriquent des Cabécou de Rocamadour.

 

Mr et Mme Chamerois
Vallée de la Bonnette
Moulin de la Vignasse - 82160 Loze
Tél/Fax 05 63 24 08 31
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
www.moulindevignasse.c.la

 

Des éleveurs de chèvres qui s'appellent Chamerois, ça ne s'invente pas...

 

Au prix où sont les fromages, j’en fais un stock conséquent (11,50 euro la cagette de 20 fromages). Ma tante m’a préparé une ratatouille avec les légumes que j’avais ramenés de chez mon maraîcher en AMAP chez qui je me fournis chaque semaine.

 

 Cabécous de Loze
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L'après midi, je vais voir mon copain vigneron-poète ("Boire bio, c'est pisser bio!") dans l'Aude à côté de Carcassonne à Ventenac Cabardès, Robert CURBIERES (à ne pas confondre avec le vin des Corbières). Il est extraordinaire. Il mène ces vignes en bio, fait du bon vin, amène les rafles de vignes au Moulin à papier de Brousses et Villaret et en fait des étiquettes pour les bouteilles, est syndicalement très engagé, décore son caveau d’aphorismes et met à disposition ce dernier à des groupes de rock...

 

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Je n’avais plus de vin et en avais besoin pour préparer le vin de sureau (cette fois ci avec les baies) et bien évidemment pour boire…

 

Une fois le plein de la voiture effectué (non, je n’ai pas rempli le réservoir mais l’habitacle de cubitainers de 5 litres à 10 euro chacun) il s’en va me proposer une bière.

 

 

 

 

 
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Il fût tout étonné de mon refus et s’est retrouvé confus. C’est ma première mise en situation chez quelqu’un. Je venais tout juste de lui expliquer mon pari (il s’est même laissé filmer) et a eu le réflexe de me proposer une bière « qui vient de loin ». « Tu es casse-bonbons mais je crois qu’il me reste une Karland (bière venant de la commune d’Algans, dans le Tarn, où le brasseur cultive lui-même l’orge et le houblon)". Il l’a trouva et nous pûmes boire ensemble.

 

1, La Ventaillole, 11610 Ventenac Cabardès‎ - 04 68 24 92 74
"Château VENTAILLOLE Robert et Marie CURBIERES 11610 Ventenac Cabardès Tél : 04 68 24 92 74 - Fax : 04 68 24 82 05 Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.